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Article de fond

Fuir la guerre, reprendre pied

Malgré l’incertitude qui règne à Kyiv, le ministère se poursuit, selon la volonté de Dieu.

Joseph E. Miller 15 décembre 2022

Photos de A. J. Mast
Iryna Kovalenko n’arrive pas à oublier les événements du 24 février. À 5 h, sa fille a accouru vers elle en larmes tandis que des bombes éclataient dans le ciel de Kyiv. De leur appartement situé au 25e étage, elles ont regardé la Russie envahir l’Ukraine.

Ayant ramassé leurs passeports, des documents et quelques effets personnels, Iryna et sa fille ont fui à Bucha, une banlieue de Kyiv. Comme le combat se rapprochait, elles se sont déplacées vers le centre de l’Ukraine, où il n’y avait pas de troupes russes. Quelques jours plus tard, Bucha est devenu le site de certaines des pires violations des droits de la personne depuis le début de la guerre : meurtre de civils innocents, viols à grande échelle et torture.

Iryna se trouve maintenant dans une église de l’Indiana; elle vérifie le contenu d’une boîte remplie de brosses à dents, de boules d’ouate, de couches pour adultes et de souliers, en en faisant l’inventaire une dernière fois. Elle dépose un Messenger In Touch sur le dessus. Le nom de la destinataire, « Juliana », paraît sur tous les rabats. Iryna succombe à l’émotion; quand elle habitait en Ukraine, elle recevait de telles boîtes et en distribuait le contenu à des aînés. Dorénavant réfugiée, elle fait de son mieux pour soutenir ceux qui sont restés dans son pays.

Avec son amie et collègue Jenna Smith et un groupe d’Américains, Iryna prie pour ceux qui vont recevoir les boîtes. Avant la guerre, le travail d’Iryna était axé sur les personnes âgées de 55 ans et plus, qui formaient environ un tiers de la population. Désormais, les réfugiés sont majoritairement jeunes. Malgré le travail à abattre, ces femmes savent que le Seigneur se trouve de leur côté.

Iryna et sa fille vivent en étrangères dans un pays autre que le leur. Elles ignorent si elles pourront un jour rentrer chez elles.

En y repensant, Iryna s’en veut de ne pas s’être mieux préparée à l’invasion russe. Les regrets font partie des émotions résultant du grand traumatisme qu’elle a vécu, de même que des millions d’autres personnes, et qu’elle gère avec l’aide d’un conseiller. Elle se demande si elle a bien fait de quitter l’Ukraine. Pour l’instant, elle coordonne depuis les États Unis les efforts visant à soutenir des Ukrainiens âgés, qui n’ont jamais eu de filet social. Souvent, le gouvernement ne répondait pas à leurs besoins, un problème exacerbé par la guerre.

Iryna et Jenna communiquent chaque jour avec des bénévoles ukrainiens pour connaître les besoins sur le terrain et savoir comment prier. Le Messenger, élément essentiel du ministère par le passé, est devenu précieux, car il transmet l’Évangile à des gens qui ont un besoin criant d’espoir. On entend dire que des Ukrainiens ayant survécu à l’ère soviétique ont, enfin, trouvé la paix en Jésus.

Jenna Smith (à gauche) et Iryna Kovalenko préparent du matériel à envoyer en Ukraine.


Pour Iryna, Matthieu 6.34 a pris une nouvelle signification, profonde : « Ne vous inquiétez donc pas du lendemain; car le lendemain aura soin de lui même. » Bien qu’en sécurité, Iryna et sa fille vivent en étrangères dans un pays autre que le leur. Elles ignorent si elles pourront un jour rentrer chez elles. Iryna ne peut qu’affronter chaque nouvelle journée comme elle se présente, en priant pour que cette guerre prenne fin.

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